Published in 1924, when Pablo Neruda was only twenty years old, this striking collection of love poems has proven to be the Nobel Laureate's most popular work. The sensual imagery and heartbreaking verse have inspired lovers and lovers of poetry for nearly a century.
Translated by W. S. Merwin Introduction by Cristina García
Contents
I. Body of a Woman
II. The Light Wraps You
III. Ah Vastness of Pines
IV. The Morning Is Full
V. So that You Will Hear Me
VI. I Remember You As You Were
VII. Leaning into the Afternoons
VIII. White Bee
IX. Drunk with Pines
X. We Have Lost Even
XI. Almost out of the Sky
XII. Your Breast Is Enough
XIII. I Have Gone Marking
XIV. Every Day You Play
XV. I Like for You to Be Still
XVI. In My Sky at Twilight
XVII. Thinking, Tangling Shadows
XVIII. Here I Love You
XIX. Girl Lithe and Tawny
XX. Tonight I Can Write
The Song of Despair
XX.
Je peux écrire les vers les plus tristes cette nuit.
Écrire, par exemple : « La nuit est étoilée et les astres d'azur tremblent dans le lointain. »
Le vent de la nuit tourne dans le ciel et chante.
Je puis écrire les vers les plus tristes cette nuit. Je l'aimais, et parfois elle aussi elle m'aima.
Les nuits comme cette nuit, je l'avais entre mes bras. Je l'embrassai tant de fois sous le ciel, ciel infini.
Elle m'aima, et parfois moi aussi je l'ai aimée. Comment n'aimerait-on pas ses grands yeux, ses grands yeux fixes.
Je peux écrire les vers les plus tristes cette nuit. Penser que je ne l'ai pas. Regretter l'avoir perdue.
Entendre la nuit immense, et plus immense sans elle. Et le vers tombe dans l'âme comme la rosée dans l'herbe. Qu'importe que mon amour n'ait pas pu la retenir. La nuit est pleine d'étoiles, elle n'est pas avec moi.
Voilà tout. Au loin on chante. C'est au loin. Et mon âme est mécontente parce que je l'ai perdue.
Comme pour la rapprocher, c'est mon regard qui la cherche. Et mon coeur aussi la cherche, elle n'est pas avec moi.
Et c'est bien la même nuit qui blanchit les mêmes arbres. Mais nous autres, ceux d'alors, nous ne sommes plus les mêmes.
Je ne l'aime plus, c'est vrai. Pourtant, combien je l'aimais. Ma voix appelait le vent pour aller à son oreille.
À un autre. À un autre elle sera. Ainsi qu'avant mes baisers. Avec sa voix, son corps clair. Avec ses yeux infinis.
Je ne l'aime plus, c'est vrai, pourtant, peut-être je l'aime. Il est si bref l'amour et l'oubli est si long.
C'était en des nuits pareilles, je l'avais entre mes bras et mon âme est mécontente parce que je l'ai perdue.
Même si cette douleur est la dernière par elle et même si ce poème est les derniers vers pour elle.
Description:
Published in 1924, when Pablo Neruda was only twenty years old, this striking collection of love poems has proven to be the Nobel Laureate's most popular work. The sensual imagery and heartbreaking verse have inspired lovers and lovers of poetry for nearly a century.
Translated by W. S. Merwin
Introduction by Cristina García
Contents
XX.
Je peux écrire les vers les plus tristes cette nuit.
Écrire, par exemple : « La nuit est étoilée
et les astres d'azur tremblent dans le lointain. »
Le vent de la nuit tourne dans le ciel et chante.
Je puis écrire les vers les plus tristes cette nuit.
Je l'aimais, et parfois elle aussi elle m'aima.
Les nuits comme cette nuit, je l'avais entre mes bras.
Je l'embrassai tant de fois sous le ciel, ciel infini.
Elle m'aima, et parfois moi aussi je l'ai aimée.
Comment n'aimerait-on pas ses grands yeux, ses grands yeux fixes.
Je peux écrire les vers les plus tristes cette nuit.
Penser que je ne l'ai pas. Regretter l'avoir perdue.
Entendre la nuit immense, et plus immense sans elle.
Et le vers tombe dans l'âme comme la rosée dans l'herbe.
Qu'importe que mon amour n'ait pas pu la retenir.
La nuit est pleine d'étoiles, elle n'est pas avec moi.
Voilà tout. Au loin on chante. C'est au loin.
Et mon âme est mécontente parce que je l'ai perdue.
Comme pour la rapprocher, c'est mon regard qui la cherche.
Et mon coeur aussi la cherche, elle n'est pas avec moi.
Et c'est bien la même nuit qui blanchit les mêmes arbres.
Mais nous autres, ceux d'alors, nous ne sommes plus les mêmes.
Je ne l'aime plus, c'est vrai. Pourtant, combien je l'aimais.
Ma voix appelait le vent pour aller à son oreille.
À un autre. À un autre elle sera. Ainsi qu'avant mes baisers.
Avec sa voix, son corps clair. Avec ses yeux infinis.
Je ne l'aime plus, c'est vrai, pourtant, peut-être je l'aime.
Il est si bref l'amour et l'oubli est si long.
C'était en des nuits pareilles, je l'avais entre mes bras
et mon âme est mécontente parce que je l'ai perdue.
Même si cette douleur est la dernière par elle
et même si ce poème est les derniers vers pour elle.